Dans la médina de Fès, au Maroc, on trouve le quartier des tanneurs dont le vrai nom est Blida. Il existe depuis le Moyen-âge et le travail du cuir y est l’un des artisanats majeurs. Le quartier et les techniques sont restées les mêmes. Les artisans immergent les peaux tannées dans des cuves* et les piétinent pour en extraire les impuretés. Ils les mettent dans différents bains pendant plusieurs jours avant de les colorer.
Les problèmes de cette méthode de tannage ancestrale :
- Le traitement des peaux nécessite beaucoup d’eau. L’écoulement doit être constant.
- Les odeurs qui s’échappent des cuves sont nauséabondes. Les bains des peaux se font dans de la fiente de pigeons qui contient l’ammoniac, du sel, de la chaux…
- Les conditions de travail sont difficiles, usantes, en pleine chaleur. Le piétinement des peaux dure 3 heures environ.
- Les rabatteurs sont nombreux et coriaces près du site.
- Les magasins qui surplombent les bassins vendent des produits en cuir qui ne sont pas forcément faits au Maroc.
Les techniques modernes sont pires :
Il ne reste que 3 tanneries dans la médina de Fez qui respectent la méthode traditionnelle. La filière du cuir à Fès a bénéficié d’un soutien financier important pour la restauration et la réhabilitation des tanneries traditionnelles de la médina. La ville a construit en 2018 une tannerie complémentaire traditionnelle qui utilisent des techniques modernes plus respectueuses de l’environnement, notamment en traitant les eaux usées. pour en savoir plus, c’est par là.
Mais une soixantaine de tanneries modernes se sont installées en périphérie. Afin de réduire drastiquement la durée du processus de tannage, elles utilisent des produits chimiques polluants : le sulfure, la chaux vive, le sulfate, l’acide formique, l’acide sulfurique et le chrome.
Une station de déchromatation a été créée en 2003. Le chrome recyclé est revendu aux tanneurs qui le réutilisent. Mais le traitement des rejets est insuffisant face à la pollution générée. La plupart du temps, les produits chimiques finissent dans le fleuve Sebou. Il sert de déversoir pour les déchets industriels et domestiques. La ville de Fès et des fonds étrangers ont investi pour créer une station d‘épuration. Le Maroc a lancé un Programme National d’Assainissement Liquide, un projet plus général, qui vise à réduire la pollution domestique et industrielle de 60% à l’horizon 2020. Même si cela se réalise, il y aura encore beaucoup à améliorer. Pour plus de détails, cliquez ici.
En conclusion :
Quand j’ai visité les tanneries de la médina de Fès, j’ai fait comme la plupart des touristes. Je suis allée dans une des boutiques qui surplombent les bassins. Puis j’ai pris ces photos colorées. Ce n’est que en écrivant cet article que je me suis réellement renseignée sur les enjeux de cet artisanat. Et malheureusement, ce que j’ai découvert n’est pas aussi joyeux que les couleurs des teintures…
*Cuve : c’est la forme de ces bassins qui m’a inspiré cet article. En effet, le thème proposé par Ma pour le Projet 52 est : rond.
Tiens, je devais faire un article sur les tanneries de Marrakech se sera pour plus tard puisque je ne m’en servais pas pour Ma. Bonne journée.
Belle idée de rond!
bisous
Tout ça pour un cuir de chèvre assez médiocre en qualité… ça laisse songeur…
Le mieux pour la planète serait de fermer tout ça si personne n’est capable de gérer cette pollution.
Ah la misère n’est pas moins pénible au soleil ! 🙁
En effet j’avais vu un reportage je ne sais plus où, ça fait très » couleur locale » mais l’odeur en particulier est atroce !
Belle soirée
Cathy
Je les ai visitées aussi ces tanneries de Fès ainsi que celles de Marrakech et j’ai trouvé ça assez « inhumain » comme travail.
Mais c’est incontournable comme visite quand on va là-bas, il faut se rendre compte de ce que c’est!
Je n’aurais pas pensé à illustrer le mot « rond » par ça en tout cas, bien vu!