... j’ai rencontré des afrikaners (1/2)

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Attention : je ne prétends pas ici tout connaitre sur les afrikaners, ces sud-africains blancs d’origine néerlandaise, française, allemande ou scandinave qui s’expriment dans une langue dérivée du néerlandais du XVIIème siècle : l’afrikaans. J’ai passé un mois à faire du volontariat en Afrique du Sud à 2 endroits différents : ici et . Le pays est encore profondément marqué par l’apartheid.

Ce que j’écris dans cet article, ce sont juste mes impressions ressenties suite aux discussions avec mes hôtes, agrémentés de recherches pour tenter de distinguer le vrai du faux.

Dans le premier volontariat, j’ai été accueillie par un couple d’afrikaners, Don et Cheryl. Nous avons beaucoup passé de temps à parler de la situation post apartheid car cela les touchait directement dans leur quotidien. Ils avaient été les heureux propriétaires d’un centre équestre où les affaires tournaient bien. Ils organisaient des promenades sur la plage et élevaient leurs chevaux. Jusqu’au jour où quasiment toute leur cavalerie est morte suite aux piqûres de tiques bleues qui transmettent une maladie qui terrassent les chevaux en 2-3 jours. Leur assurance n’a jamais voulu couvrir la perte. Le propriétaire de leur terrain a décidé à la même époque de tripler leur loyer (c’est fréquent apparemment là-bas). Ils sont donc partis.

Le couple se retrouve sans rien, à louer une petite maison avec leur 4 chiens et leurs 7 chats. Ils espèrent un crédit pour pouvoir se lancer dans un nouveau prochain avec leurs quelques chevaux survivants. Don a cessé son activité annexe de sellier car il ne pouvait plus faire suivre les commandes après le déménagement. Il attend  de signer un contrat pour un travail qui doit rapporter gros au Sri Lanka dans la construction. Mais cela tarde à se concrétiser. Bref, à part ma maigre contribution pour la nourriture, ils n’ont aucune rentrée d’argent.

Leur état d’esprit à ce moment compliqué de leur vie :

Ils voient bien mon désarroi et tentent de rester optimistes quand à un retournement positif et imminent de leur situation. Ils sont énervés de constater que l’assurance ne leur rembourse rien alors qu’ils ont payé des sommes folles de cotisation. La banque leur prend aussi des frais qui me paraissent démesurés. Ils sont aigris par la politique de discrimination positive envers les Noirs décidée par le président Zuma. Cheryl et Don n’ont droit à aucune aide et ils trouvent ça injuste. Ces décisions politiques post apartheid sont censées faciliter la vie des sud-africains noirs. Mais elles compliquent en retour celles des blancs et entraînent certaines absurdités.

Par exemple, je ne comprenais pas pourquoi, quand on voyait des travaux sur les routes, il y avait un gars qui bossait et au moins 10 qui regardaient. Don m’a expliquée que pour remporter les contrats de marché public, il fallait embaucher un maximum de noirs donc les entrepreneurs mettaient un maximum de noms de Noirs, même s’ils savaient qu’il n’y avait pas de travail pour tout le monde derrière ! Je n’ai pas trouvé d’info concernant l’exactitude de ses propos.

Voici un autre exemple à propos des townships. Ce sont des quartiers souvent pauvres, réservés aux non-blancs qui y ont été déplacés souvent de force pendant l’apartheid. Don me dit qu’il y en a beaucoup car le gouvernement a promis à ceux qui venaient s’installer en ville une maison avec l’eau et l’électricité gratuites. Ces personnes auraient atterri dans les bidonvilles.

Voici ce que mes recherches m’ont permis de découvrir. Un programme économique a instauré une norme toujours en vigueur : tout foyer sud-africain doit se trouver à 200 mètres au plus d’une source d’eau potable capable de fournir 25 litres par jour et par personne. Sauf que dans les townships, personne ne paient l’eau et qu’ailleurs, il y a beaucoup de connections illégales et de factures impayées. Le gouvernement a donc proposé une quantité minimum d’eau et d’électricité pour tous. Mais cela pose un gros problème de financement sans pour autant résoudre le problème de pauvreté. Un article très intéressant sur ce sujet détaille la problématique de l’eau gratuite dans le pays.

Don et Cheryl me disent que les Noirs ne payent pas d’impôt. Sur environ 55 millions d’habitants, 6 millions d’habitants seulement payent des impôts sur le revenu. Pour en payer, il faut gagner plus de 5000 rands par mois, soit plus d’environ 320 €. Les Noirs touchent un salaire en moyenne 6 fois moins élevé que les Blancs. Il est donc logique que la majorité d’entre eux ne payent pas d’impôts.

apartheid

A côté de ça, Cheryl me raconte que le président Jacob Zuma justifiait devant la justice que les 17 millions d’euros d’agent public dépensés pour les travaux de sa résidence privée était liée à la sécurité, notamment la piscine qui serait en fait une réserve d’eau en cas d’incendie ! Et ça, c’est vrai : plus de détails dans cet article.

Comme vous vous en doutiez – ou pas – la situation en Afrique du Sud est complexe. L’apartheid n’a pris fin qu’en 1991. Il est clair qu’il y a encore un long chemin à parcourir avant que la situation économique devienne plus juste pour tous.

Je vous raconte la suite de mes impressions sur la mentalité des afrikaners dans un prochain article.

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